On imagine l’Anjou endormi, perdue dans un centre de la France assez loin des centres urbains et du bruit des villes. C’est tout le contraire, la région est vivante, accueillante, foisonnante de coins et de recoins. Les enfants peuvent se prendre pour les pirates d’un jour, les ados manœuvrent les écluses et les plus grands profitent de se lever et se réveiller dans des paysages sans cesse renouvelés.
“La seule photo que vous aurez, ce sera toute l’équipe. Ni Emilie ni moi ne sommes suffisants pour que fonctionne la base.” C’est par ces mots que Raphaël, responsable à la fois de la base de Grez Neuville (sur la Mayenne) et celle de Sablé-sur-Sarthe (sur la Sarthe) accueillent la demande d’une photo pour illustrer cet avis d’expert. Et voilà ce dont il s’agit !
Ce sont 6 permanents qui sont présents sur la base, renforcé par plus de 20 personnes en saison !
Il faut dire que cette base a toute une histoire. C’est le papa d’Emilie qui, touriste fluvial dans les années quatre-vingt, a été précurseur. Il voulait faire découvrir ce loisir à d’autres personnes. Et il voulait que cette découverte se fasse dans les meilleures conditions. C’est pour cette raison qu’il s’est lancé dans la construction de cinq bateaux, en aluminium, de 9 mètres. Précurseur parmi les pionniers, le papa d’Emilie a su rapidement adapter ses péniches aux attentes de clients qui découvraient, alors, une toute nouvelle manière de se déplacer en vacances.
Faisant fi de la caravane, du camping-car ou de la toile de tente, ces vacanciers de l’eau douce allaient, au rythme lent et paisible des rivières et des canaux de cette belle région qu’est l’Anjou.
En 1990, l’entreprise se tourne vers Nicols, “Pour être certains de proposer des bateaux d’égale qualité et pour nous recentrer sur la partie accueil et tourisme, plus que sur la mécanique. En ce sens, Nicols nous fournit une assistance et un soutien logistique infaillibles, pour tout ce dont nous pouvons avoir besoin." Ce qui, évidemment, n’est pas possible avec une auto construction.
C’est aujourd’hui un parc de trente bateaux qui est réparti entre les deux bases. Certains plaisanciers préférant les allers/retour, d’autres les allers simples. “Ici, toutes les formules sont possibles, c’est à la carte” explique Raphaël.
“Le gros de la demande se compose de week-ends familiaux” explique le gérant. Il faut dire que les capacités des plus grands bateaux Nicols (12 personnes) se prêtent sans aucune difficulté aux réunions de famille. Et lorsque ce bonheur se conjugue avec la possibilité de mouiller presque n’importe où comme le permettent les deux rivières que desservent Emilie et Raphaël, elles sont forcément réussies !
Le couple a un credo qu’il répète à l’envi “on peut tout rater mais pas ses vacances” et met tout en œuvre pour cela. Accueil sympathique, livres, conseils touristiques… En arrivant dans l’une ou l’autre de leurs bases, vous êtes les bienvenus chez eux et vous sentez chez vous, en péniche fluviale.
Navigation à l’approche de Château Gontier
Quelle que soit la rivière choisie, elle est facile à naviguer. Il y a peu d’écluses (même si le passage d’une écluse en péniche est toujours un super souvenir) et c’est très peu profond. “On est sur une rivière, on traverse des villages. Le bateau est un moyen de découverte pour aller d’un village à l’autre. Le sud de la Mayenne est villageois. Au nord de Château Gontier, on est dans un environnement plus sinueux. Chaque jour, on voit des paysages différents tout au long de la journée” expliquent en chœur Emilie et Raphaël.
“Là où il y a des écluses, on a la chance d’avoir des éclusiers bienveillants, accueillants et aimables. Les éclusiers sont les meilleurs ambassadeurs touristiques de la rivière.”
“Ici, tout est resté dans son jus, on croirait le temps suspendu” explique Raphaël. Emilie ajoute “Le tout est à taille humaine par ici. Les écluses sont entretenues et fleuries. C’est fait de simplicité et de beauté, pas artificielle, c’est pur et humain.” Hors de question pour autant de parler de désert. Ici, quasiment tous les pontons sont équipés d’eau, d’électricité, de sanitaires… Gratuits par Ici, vous trouverez des ports ou pontons dans toutes les villes, de l’eau pour vous ravitailler chaque jour et des sanitaires dans certaines écluses. Tout cela est gratuit, seule l’électricité commence à être payante.
“Et il ne faut pas hésiter à s’arrêter au piquet, en y allant tranquillement et en faisant attention au fond, il n’y a pas de risque réel”.
Château d'Angers © L. de Serre
Demander un top 3 à Raphaël et Emilie, c’est oublier comme l’un et l’autre sont bavards et amoureux de leur région !
Par ordre d’apparition, donc :
« Et… la Sarthe et la Mayenne dans leur ensemble » ajoutent d'une seule voix Emilie et Raphaël. Tous deux sont convaincus que la région est particulièrement et avant tout belle, qu’elle mérite en elle-même le contour et la visite car elle a su passer les siècles sans être dévisagée.
Malicorne et ses faïenceries
Avec modération, il faut découvrir les châteaux des bords de l’eau, leurs coteaux produisent un excellent nectar apprécié de tous. Attention, la consommation d’alcool et la conduite d’un bateau ne font pas bon ménage, alternez, pour votre sécurité et votre santé, les journées de navigation et les journées de dégustation.
Au Mans, il ne faut pas louper les rillettes. Mais… Laissons la parole à Raphaël pour qui “les meilleures, ce sont celles de la boucherie Aubert à Sablé sur Sarthe”.
Parce qu’une gourmandise ne va jamais seule, les sablés de Sablé sur Sarthe méritent qu’on en achète un bon stock, car, comme l'indique leur nom, on ne les trouve que dans cette commune !
Enfin, pour se désaltérer une fois encore, les vins d’Anjou sont appréciables, frais et parfumés, pour un apéritif amical à bord, avant un barbecue au bord de l’eau, autour d’un pot de rillettes de Sablé, de pain frais de la boulangerie d'à côté. C’est ça les vacances façon Nicols !
Qui dit région gastronomique dit… Bonnes tables pour de familiales agapes. “Ici aussi, la simplicité, la gentillesse et la sympathie sont toujours de mise. Pas de chichi, pas de serveurs en livrée. Vous êtes accueilli, servi et apprécié comme des amis dans tous les établissements” explique Emilie.
Parmi le choix de ces tables, La petite auberge à Malicorne qui propose aussi de la restauration à emporter. Idéal pour un pique-nique.
A Solesmes, un peu plus luxueux, le Grand Hôtel est une halte gastronomique d’excellence sur les bords de l’eau. A réserver à un dîner en amoureux, au débarqué de la péniche fluviale.
A Grez-Neuville, le restaurant l’écluse ne paye pas de mine. “Dix-huit tables, pas une de plus, et un menu à 30 euros le week-end. On y mange du bon, du bien et du local, en se faisant vraiment plaisir” explique Raphaël.
Vous avez encore faim ? Ne vous en faites pas, l’avantage de parler aux gestionnaires à la fois d’une base Nicols sur la Mayenne et d’une sur la Sarthe et de multiplier leurs capacités gastronomiques. Deux salles, autant d’ambiance pourrait-on dire. Même si, en l'occurrence, ce sont des dizaines d’ambiances qui vous attendent au bord de l’eau.
A Chenillé Changé, c’est la table du meunier qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte.
A Origné, il serait bien difficile de trouver un restaurant plus proche de l’écluse que le Beyel. “Pour un peu, on serait servi sur le bateau directement” s’amuse Raphaël.
Enfin, arrêt obligatoire au bar / restaurant / café / lieu de rencontre et lieu de vie Les copains d’abord, à Château Gontier. “C’est un endroit formidable” explique Raphaël. Le lieu se situe en fait entre Le Beyel et Château Gontier, proche de l’eau. Mais les secrets se méritent, nous n’en dirons pas plus !
Chenillé Changé à découvrir pour son moulin… ou pour son restaurant : « la Table du Meunier »
Christophe est un habitué des circuits et sait que tous ses amis plaisanciers s’arrêteront systématiquement en route pour simplement ne rien faire. C’est bien pour cela que, selon le responsable “une semaine, c’est le minimum pour profiter et s’autoriser à s’arrêter. Admirer les arbres, regarder une fleur ou un coteau. C’est à cela que servent les vacances, pas uniquement à avancer", explique-t-il. “Au cours de cette semaine, allez sur Malicorne. En chemin, vous croiserez d’innombrables villages et autant de châteaux. Certains se visitent, d’autres sont en ruine. Peu importe, ils sont là. Ensuite, Montez sur Fillé-sur-sarthe et s’y arrêter pour voir le moulin qui a été refait à neuf et qui se visite. Il se trouve sur l’île Moulinsart, avec une guinguette juste à côté du moulin”.
Depuis Grez Neuville, rejoindre Château Gontier pour visiter les villages (Chenillé) et continuer jusqu’à l’abbaye d'Entrammes. Vous êtes dans le domaine de la Mayenne majestueuse. Large, propre et apaisante, ce sont les traces de l'histoire de France qui vous entourent. Pour changer et être intimiste, visez l'Oudon. On se sent seul au monde que cette petite rivière bien paisible.
“La recommandation principale est de ne rien prévoir. Prévoir, forcément, cela met du stress et de la pression." Commence Raphaël. Et qui dit stress dit… On ne profite pas !
"Aussi" ajoute Émilie, "même si la tentation est grande de passer de la Sarthe à l'Oudon ou de la Mayenne à la Sarthe, je crois que rester sur la même rivière pendant tout son séjour permet de vraiment apprécier le lieu et de découvrir des endroits inconnus, ces petites perles qu'on ne voit qu'avec le regard lent de la croisière fluviale."
La navigation fluviale, c'est une certaine liberté. On peut s'arrêter quand et - presque - où on veut : « Il faut profiter de cette Liberté qu'on ne connaît qu'ici pour déconnecter à 100 %" ajoute Raphaël.
"Il faut parvenir au moment magique de lâcher prise." explique Emilie. Sans doute quelque chose qui se rapproche de la fameuse "vitesse de libération" dont parlait le grand Navigateur Bernard Moitessier…
Parc végétal «Terra Botanica »
Comme partout, il faut être un local, implanté et vivant le territoire pour en connaître les trésors cachés, les endroits hors des sentiers battus. Le plus souvent, ils sont à portée de canal, d'écluse ou de rivière et très bien aménagés pour accueillir celles et ceux qui profitent de l'eau.
Pour nos amis Angevins, cette perle s’appelle Brissarthe ; "C’est un petit village sans aucun commerce. Il y a un terrain de pétanque, une église étonnamment atypique… Et rien d’autre. La place du village est la même depuis des siècles. On est juste bien, en sécurité dans ce qui ressemble à un endroit de rêve. Et on peut s’y amarrer en toute sécurité, le risque comme le danger n’existent pas à Brissarthe."
Déjà, il faut parvenir à répartir - presque équitablement - les 3 mots entre Raphaël et Émilie, les gérants de la base Nicols sur la Mayenne et la Sarthe. Nous y parvenons en chœur : "Simplicité, Tranquillité, Art de Vivre" !
A bientôt en Anjou !